vendredi 27 juillet 2012

My GIP ("Google Inadequate Picture", Image Inadéquate de Google)
Internet est fait pour s'amuser. On a tous cherché à quoi ressemblait une personne dans google. Voici une façon de détourner le concept: mettre en avant l'image la plus inadéquate que google propose....

Pour trouver cotre "Image Inadéquate de Google":
- cherchez votre nom dans google image
- dans la première page de résultats, choisissez celle qui vous correspond le moins.
- pour encore plus d'amusement, insérez la dans votre page web.
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How to generate your GIP (google inadequate picture):
- google your name in "google image"
- in the first page of results, find the image that corresponds the least to you
- for more fun, include it in your web page.
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jeudi 14 juin 2012

Quel est votre illuminé préféré (catégorie astronomie) ?

par le Dr A. Sulies, du Laboratoire d'Illumination Artificielle


L'astronomie fait rêver. Elle attire de grands esprits et aussi parfois quelques illuminés qui se prennent pour des génies incompris. Je vous propose ci-dessous quelques "nommés" au titre de grand illuminé de france dans le domaine de l'astronomie.

- Les Bogdanov: on ne les présente plus. Ils se présentent d'ailleurs largement eux même assez comme ça (allumez votre télé pour voir s'ils n'y sont pas des fois par hasard). Auto-proclamé grands scientifiques, ils se déclarent docteurs avant d'en avoir le titre (ce qui tendrait à prouver qu'ils ont inventé le voyage dans le temps), et intentent des procès aux scientifiques qui ne sont pas convaincus par leurs théories (une méthode peu utilisée dans le monde académique). Ils semblent être les seuls à posséder la vérité cosmologique, selon leur dire, et publient des livres aux titres accrocheurs.

- Christian Magnan: voilà un astrophysicien et membre du collège de France (s'il vous plait!) qui semble avoir eu une révélation : tous ses collègues sont dans l'erreur et font n'importe quoi. A le lire, il est le seul détenteur de la vérité cosmologique. Il le dit sur des sites web et dans des livres vendeurs. Mais ses collègues ne semblent pas tous d'accord (voir par exemple http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1851).

- Guy Patel: il se présente comme un hyperintuitif, ce qui semble lui donner le pouvoir de s'attaquer à des sujets très différents (voir sa contribution sur les phobies, http://atheisme.free.fr/Contributions/Phobies_1.htm, ou sur la démocratie, http://democrascience.monsite-orange.fr). Mais c'est surtout dans le domaine des sciences de l'univers (et de la cosmologie) qu'il est le seul détenteur de la vérité. En effet, il a inventé plusieurs sciences liées au domaine expansodynamique et supracosmologique. Bien qu'impubliables et non-mathématiques, ces domaines sont semble-t-il hyper-prédictif puisqu'ils lui permettent de prédire des tas de faits déjà connus (http://expansodynamique.monsite-orange.fr).

- Jean Pierre Petit: pour ceux qui ne le savent pas encore, JPP a absolument tout fait. Oui, il a tout fait. Et de plus, il a tout inventé, et tout découvert. Si vous n'en êtes pas convaincu il suffit de lire son (auto?)-biographie sur son site web (http://www.jp-petit.org) ou bien sur wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Petit) ou cela fourmille de détails que lui-seul a pu enregistrer. Ses BD de vulgarisation lui donnent un coté sympathique. Ses sympathies pour les petits hommes verts (avec lesquels il est convaincu d'avoir conversé) le rendent moins crédible. Comme les précédents, il est le seul détenteur de la vérité cosmologique puisqu'il défend sa propre théorie de l'univers (ou des univers jumeaux, dans ce cas), dans un livre grand public.

Génies incompris ou charlatants ? Je ne me prononcerai pas. Je vous avoue que j'ai tout de même du mal à croire qu'ils aient tous raison. Mais vous pouvez voter ci-dessous pour votre illuminé préféré (pas celui auquel vous croyez le plus, bien sûr, mais celui qui vous fait le plus rire):

Note ajoutée le 24 septembre 2020: pour une raison indépendante de ma volonté, le sondage correspondant a disparu. Il me semble que notre ami Guy Patel caracollait en tête. Vous pouvez toujours continuer à vous exprimer dans les commentaires.

jeudi 5 avril 2012

Elections Présidentielles : voter pour des propositions ?

Par le Dr Sulies, du Laboratoire d'Analyse des Sondages Politiques, Institut Sciences Poétiques

Le journal "Le Monde" est en train de réaliser une expérience sociologique très intéressante (sous le prétexte d'un quizz pour amuser les masses). Sur leur site, ils proposent le quizz suivant: http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/quiz-programmes.html.

Les participants répondent à une série de questions. Les réponses sont utilisées pour calculer de quel candidat le participant est le plus proche (sur la base des propositions des candidats). A la fin de la série de questions, le site peut donc nous dire pour qui nous voterions si nous votions selon les propositions des candidats. Le site répète l'exercice sur des centaines de millier de personnes, et le résultat est donc très fiable. Voici le résultat à ce jour:


Ce qui est très intéressant, c'est de voir que finalement, les lecteurs du Monde se retrouvent dans les propositions de tous les candidats. Les résultats varient de moins d'un facteur 2 entre le premier et le dernier. C'est une répartition remarquablement équitable des votes. Au contraire, les sondages mesurant les intentions de vote montrent bien que certains de ces candidats ne recueilleront pratiquement aucun vote (moins de 0.5 %) alors que d'autres seront proche de 30% (http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=1761), soit un facteur d'écart de plus de 60 contre le facteur 2 du quizz du Monde. L'ordre des candidats dans le quizz ne suit d'ailleurs absolument pas celui des sondages. Par exemple les propositions d'Eva Joly sont convaincantes pour 12.6 % des participants, mais bien peu voteront pour elle. D'un autre coté, celles de Nicolas Sarkozy ne (le pauvre) convainquent que 8.6 % des participants, et pourtant, il aura un score bien plus honorable et sera très probablement présent au second tour.

Par ailleurs, il existe certainement un biais qui favorise les "gros" candidats, ceux dont on parle le plus dans les médias: leur programme nous a déjà été exposé et les militants, en reconnaissant les propositions de leur favori, les choisiront certainement dans le quizz du monde. Ce qui signifie que les maigres écart du quizz du Monde sont en fait amplifiés par rapport aux différences qui pourraient se creuser uniquement sur la base des propositions des candidats.

On peut en conclure que nos intentions de vote ne sont absolument pas dictées par les propositions des candidats. Il est donc inutile d'étudier leurs divers programmes (à la place, je vous conseille une activité constructrice comme le jeu vidéo, ou bien la lecture de blogs). Nous voterons au contraire chacun pour l'idéologie qui nous représente le mieux (le libéralisme, le traditionalisme, la solidarité, ...), et c'est peut-être mieux ainsi.

mardi 20 décembre 2011

Abèèèèè's road

Ha... Les traditions de Noël: le sapin, la crèche, la commercialisation à outrance des joujoux. Avouons-le, il est temps de dépoussiérer nos coutumes et lancer de nouvelles pratiques festives. A partir de cette année, je vous propose le détournement de santons. Ne les laissons pas encore une fois coincés dans la crèche, laissons-les libres d'interpréter d'autres rôles...

Abèèèèè's road





lundi 28 novembre 2011

Rêves artificiels

"Rêves artificiels" est une nouvelle parue dans le magazine LOGIN, aujourd'hui disparu. Je pense ne causer de tort à personne en vous la mettant à disposition ci-dessous.
 A.S.


Rêves artificiels

Le vieil homme allongé dans son lit fut secoué par une terrible crise de toux. Roland lui amena un grand verre d'eau et lui soutint la nuque pour l'aider à boire. Il essaya de reposer ensuite le verre sur la table de chevet qui jouxtait le lit, mais elle était encombrée d’une pile désordonnée de feuillets recouverts d’une fine écriture manuscrite. - Merci Roland... Qu'est-ce que je deviendrais sans toi, mon fidèle compagnon. Mais j'ai bien peur que tu ne doives bientôt louer tes services à un autre... - Ne dis pas çà, Daniel, les dernières média-nalyses sont tout à fait positives. - Au diable les média-nalyses ! je sais bien que je n'en ai plus pour très longtemps. Ca ne fait rien. Ma vie a été bien remplie. J'ai assisté au plus grand bouleversement de l'histoire, et le monde d'aujourd'hui ne nous appartient plus. Ce qui me gène le plus, c'est de n'avoir pas trouvé le courage de mettre le point final à mes mémoires. Tu prendras garde au manuscrit, Roland ? - Oui. Mais il te reste encore un peu de temps. Nous pouvons en discuter, si l'envie de les achever te torture toujours ? - Pourquoi pas ? Allons-y.

« … Tout a commencé aux alentours de 2050, et le hasard a voulu que je vive un des événements fondateurs qui ont tout déclenché. J'avais dix ans et mon père effectuait des recherches sur l'intelligence artificielle. Il travaillait dans un laboratoire universitaire en étroite collaboration avec une grande entreprise de nano-électronique. Jusqu’alors, trois croyances distinctes étaient répandues parmi les chercheurs et techniciens. Tout un groupe de pensée imaginait que l'intelligence surgirait d'elle-même lorsque les ordinateurs posséderaient des capacités de calcul et de mémoire suffisamment grandes. On les appelait les ‘calculatoires’. D'autres savants, les ‘anthropocentristes’, surnommés couramment ‘anthropos’ avaient développé une autre théorie : pour que les ordinateurs soient intelligents, il suffisait de les construire en copiant l'architecture des réseaux de neurones et de nerfs humains. Pour cela, les machines devaient posséder en particulier les cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Enfin, une troisième tendance consistait à placer au sein des circuits logiques des possibilités de mutations, et des lois d'adaptation. Les systèmes les plus viables dans leur environnement devaient remplacer les moins efficaces. Les partisans de cette théorie étaient les ‘darwinistes’. Mon père était arrivé après que des premières tentatives infructueuses aient été réalisées un peu partout dans le monde. On avait bâti toutes sortes de machines adaptées à des besoins précis, capable d’accomplir des taches complexes mais très spécifiques. En tous cas, jamais rien de véritablement intelligent. Aucun ordinateur ou robot n’avait jamais été capable de débattre des problèmes philosophiques de l’humanité ou de chercher par eux-mêmes des réponses aux questions posées selon la logique floue humaine. Aucune machine n’était même capable de se poser des questions. Comme beaucoup de ses contemporains, mon père avait compris que les trois approches de l’intelligence artificielle n'étaient que des caricatures cloisonnées de ce qu’elle serrait vraiment. Dans son laboratoire, il y avait des darwinistes, des calculatoires et des anthropos. En mettant en commun toutes leurs compétences et en faisant appel à la générosité de mécènes industriels (principalement japonais) qui devinaient les profits faramineux promis en cas de succès, ils étaient parvenus à leur but : créer une machine artificielle susceptible de réflexions aussi poussées que l'être humain. Mais un ordinateur qu'on allume et qu'on éteint selon ses envies ne pouvait pas jouer ce rôle. Il fallait une machine toujours "consciente", capable d'évoluer à l’échelle de plusieurs années, et totalement autonome. Pour que cela soit facilement réalisable, elle avait été doté d’une allure presque humaine. Après quelques essais tenus secret, les sommités de l’université présentèrent à la presse le premier robot humanoïde intelligent. Pendant la conférence de presse, j’étais assis à coté de mon père. Je passais souvent le voir dans son laboratoire (qui ressemblait à un bunker). J’avais eu l’occasion d’y rencontrer le robot plusieurs semaines auparavant déjà. Je lui avais même déjà parlé. Je le trouvais très sympathique. Les journalistes lui posèrent des questions mathématiques et logiques auxquelles il apporta la réponse sans problème. Ensuite, ils s’attaquèrent à l'éthique et la politique. Ses réponses furent aussi pertinentes que celles qu’auraient pu donner bon nombre des personnes présentes dans la salle. Il était peut-être un peu plus naïf que la moyenne mais j’étais trop jeune pour en juger à l’époque. Il avait été conçu pour être doué de la faculté d’apprentissage. Il deviendrait ce qu’il souhaiterait devenir et déciderait de son avenir, sous l’observation attentive des scientifiques. Finalement, un journaliste lui demanda "qu’est-ce que vous allez faire maintenant ?". Sa réponse laissa pantois toute l’assistance : "je veux aller jouer avec Daniel".  Nous avons joué ensemble. Je lui ai appris les règles de quelques jeux de cartes. Plus tard, il a voulu côtoyer divers types de personne : philosophes, informaticiens, linguistes, physiciens, généticiens, chimistes… Et auprès de chacun d’eux, il a accru ses connaissances. L’expérience a été un formidable succès et ensuite… tout s’est passé si vite… »

- Imagines qu’avant que j’aie eu le temps de m’en rendre compte, on avait déjà construit des centaines de robots ! - En effet, à partir du moment où l’expérience a été considérée comme une réussite, les industriels ont voulu retirer les fruits de leurs investissements. Ils ont donc fabriqué de nombreuses unités robotiques qu’ils ont vendues aux personnes les plus riches de la planète comme un jouet ou un ami pour le petit dernier. Quelques grandes entreprises en ont aussi acheté pour en faire des experts hors pairs dans toute sorte de domaine, ce qui était possible grâce à leurs formidables capacités d’apprentissage et de mémorisation. - Mais elles leur ont versé un salaire, n’est-ce pas ? - Oui, cela faisait parti des conditions imposées par les scientifiques : on payait aux mécènes japonais une somme très importante, puis on devait fournir au robot-individu une certaine quantité d’argent, afin qu’il puisse exercer une activité libre en dehors de son temps de travail. Ainsi l’expérience d’auto-apprentissage pouvait se poursuivre à très vaste échelle. - Et c’est ainsi que les robots ont créé leur propre communauté…

« … Bien évidemment, les scientifiques du projet remarquèrent rapidement la tendance qu’avaient les robots à se retrouver entre eux pendant leur temps libre. C’était compréhensible : les discussions avec les humains leur apprenaient beaucoup, certes. Mais lorsqu’ils mettaient en commun leurs diverses expériences à des vitesses de transmission bien supérieures que celles permises par les communications humaines, la quantité d’information qu’ils pouvaient acquérir était fantastique. Au bout de quelques décennies, ils décidèrent qu’ils n’étaient pas le summum de l’intelligence. Non, ils pouvaient faire mieux. Les hommes avaient cru qu’il fallait copier la nature humaine pour donner une conscience aux machines. Ils avaient ainsi réussit à bâtir les robots de première génération. Mais eux-mêmes, robots de première génération comprenaient que l’on pouvait développer une intelligence plus grande encore. Sur leurs fonds propres, ils construisirent des usines, et fabriquèrent les robots de deuxième génération. Ceux-ci ne ressemblaient pas plus aux humains qu’à leurs créateurs. A vrai dire, ils ne ressemblaient à rien. La plupart d’entre eux étaient vaguement cubique, munis d’une flopée de senseurs, bras articulés, caméras, antennes paraboliques, détecteurs de toutes sortes qui s’étendaient en toutes directions. Ils ne communiquaient qu’entre eux, et parfois avec les robots de première génération. Ce fut un moment assez amusant pour nous autres, humains : les robots de première génération se comportaient avec les robots de deuxième génération comme des pères. A l’image même de ce que nous avions été pour eux. Mais rapidement, nous fumes inquiétés par la proximité de ces étranges machines sillonnant les routes et chemins, et avec lesquelles nous n’avions aucun moyen de communiquer. Une question nous angoissait : quel était leur but ? Allaient-ils un jour vouloir diriger la société à notre place ? … »

Daniel se massa les tempes, manifestement fatigué. - Évidemment, mon père et ses collègues avaient incorporé aux robots de première génération des soupapes de sécurité, à l’image des trois lois d’Asimov, de façon à ce qu’ils ne puissent pas léser les hommes… Roland exprima le fond de la pensée de Daniel : - Mais qu’en était-il des robots de deuxième génération ? - C’est exactement la question que nous nous posions. Ceux-là n’avaient pas été fabriqués par des hommes, et nous n’avions aucune idée de la manière dont ils avaient été construits, comment ils avaient été programmés, quels étaient leurs buts ? - Mais les robots de première génération eux même ne le savaient pas car c’était une condition sine qua non de l’émergence d’une vraie forme d’intelligence : la liberté totale de choisir leur destinée. Daniel se redressa sur son lit pour ouvrir les rideaux. La nuit était tombée. C’était presque la nouvelle lune. On pouvait voir le disque grisé de la lumière cendrée de l’astre. Et au pôle, un amoncellement de lumières, plus ou moins alignées, tout ce que l’on pouvait distinguer depuis la Terre de l’immense base lunaire. - Je ne sais pas à quoi cela sert, mais j’avoue que c’est impressionnant. Je la trouve belle comme ça. Il replaça le rideau rageusement.

« … Nous ne savions pas ce que fabriquaient ces maudites machines, et ne pûmes qu’assister de loin à une brève tranche de leur histoire, que contempler leurs réalisations. Ils bâtirent eux aussi des usines rendues inaccessibles aux hommes par leur architecture totalement artificielle. Ils construisirent plusieurs centre de lancements de fusées tout autour de l’équateur. Un certain nombre de machines continuèrent à exercer leurs mystérieuses fonctions sur Terre alors que d’autres s’embarquèrent pour l’espace… Ils construisirent des stations orbitales, puis leur base lunaire, à partir de laquelle ils partirent pour Mars, les satellites de Jupiter et de Saturne… Et où peuvent-ils bien être à présent ? … »

- Il y a une question que je me pose depuis longtemps, Roland. Et je n’y ai toujours pas trouvé de réponse : pourquoi ces machines font-elle cela ? Pourquoi partent-elles à la conquête du système solaire et des étoiles proches… Que vont-elles y chercher ? - Même moi, je ne peux pas te répondre… Cependant j’ai peut-être quelques indications. Est-ce que tu te souviens du jour où l’on m’a présenté à la presse ? - Bien sûr… - Quand on m’a demandé ce que je désirais faire, j’ai répondu que je voulais jouer avec toi. Beaucoup de personnes ont alors pensé qu’il s’agissait d’un trait d’humour, de l’humour artificiel, certes. Mais cela n’était pas le cas. En vérité, l’autonomie dont nous disposions, et qui a été accrue pour la conception des robots de deuxième génération nous a donné certains goûts, et en particulier celui de la découverte et du jeu, car il s’agit d’une autre facette de la même réalité. Nous nous sommes laissés portés par nos rêves, un peu comme l’avaient fait les hommes. Les robots de deuxième génération se sont forgé leurs propres rêves. Ils sont sans doute en train de les réaliser, et les hommes feraient mieux de ne pas se trouver sur le chemin entre eux et leurs rêves… - Pourquoi dis-tu cela ? Les robots de première génération ne s’en prendraient jamais aux hommes n’est-ce pas ? - Nous autres, non. Nous avons été conçus de telle sorte à respecter profondément la nature humaine. Cependant, comme je le disais tout à l’heure, ce critère était une limitation intrinsèque à notre liberté telle que l’émergence de l’intelligence artificielle optimale était impossible. Aussi, lorsque à notre tour, nous avons conçu des machines intelligentes… Nous l’avons supprimé.

« … Les hommes regardaient les machines de seconde génération sans les comprendre. Ils ne parlaient plus aux robots de première génération, en tout cas pas pour discuter avec eux mais pour leur donner des ordres dans le cadre de leur travail ou pour leur poser des questions comme s’ils n’étaient que des encyclopédies vivantes. J’étais le seul à continuer à m’intéresser à Roland avec qui tout avait commencé, et à ce qu’il me racontait quand nous parlions ensembles. Il avait finit par me dire, sur le ton de la conversation que les machines pourraient un jour nous exterminer, si nous devenions gênants pour elles. Curieusement, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Sans doutes parce que j’approchais moi-même de la fin de mon existence. Mais je crois qu’il y avait une autre raison. L’humanité avait renoncé à ses rêves alors que les robots s’étaient forgé une conscience en cherchant à accomplir les leurs. L’humanité pouvait disparaître : ils avaient pris notre relais. » 

 Ambroise Sulies,
2000, 2011