jeudi 28 juillet 2011

Probabilité d'atteindre le sommet selon son domaine de compétence: une étude comparative.

Par le Dr A. Sulies, du Laboratoire de Sociologie Musclée.



Introduction



Il m'est souvent arrivé d'entendre des parents souhaitant à leur filiation une réussite exceptionnelle dans un domaine sportif. La lecture des quotidiens concernant ces arts vous permettront d'ailleurs de vérifier ce fait (on peut y lire e.g. que les soeurs Williams ont été poussées vers leur carrière par leur père). Mais les parents ont-ils raison d'encourager leurs enfants à la pratique intensive d'une activité physique dans ce but ? Dans cet article, je compare la probabilité d'obtenir la récompense la plus haute dans un sport et dans une activité cérébrale.



Données


Comme activité sportive, nous prendrons le football, appelé parfois "soccer" (pour « association football») dans quelques contrées reculées. La plus grande réussite qu'un footballeur puisse envisager dans sa carrière est de gagner la coupe du monde. Cet évènement est disputé tous les 4 ans, et récompense une équipe (soit 23 joueurs participant à la phase finale de la compétition). Chaque année en moyenne, 23/4=5.75 joueurs sont donc récompensés. Si on rapporte ce nombre au 113 000 joueur professionnels (source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Football), on obtient la probabilité pour un joueur chaque année de gagner la coupe du monde en moyenne, soit 0.000050885. Si on se rapporte au nombre de joueurs pratiquant ce sport dans les règles (les 38 287 000 licensiés), on obtient cette fois une probabilité annuelle de 0.00000015. La probabilité est encore plus réduite (0.000000022) si on prend l'ensemble des pratiquants (264 552 000) comme référence.



En comparaison, le nombre de chercheurs et ingénieurs scientifiques dans le monde est 5 800 000 (source: http://www.aaas.org/spp/rd/guiintl.htm). Si on considère que la plus grande récompense qu'ils peuvent obtenir est de gagner un des trois prix Nobels (physique, chimie, médecine), on peut estimer que chaque scientifique a chaque année une probabilité de gagner un prix Nobel de 0.000000517.



Interprétation et conclusion


En effectuant un ratio des probabilités données ci dessus, on constate qu'un footballeur professionnel a pratiquement 100 fois plus de chances de gagner la coupe du monde qu'un scientifique de gagner un prix Nobel. Ce qui laisse penser, que finalement, gagner la coupe du monde de football n'est pas si dur que cela (mais voir Domenech et al.).

Mais cette comparaison n'est pas tout a fait honnête car on peut considérer qu'il n'y a pas de scientifique amateur (en tout cas, on observe rarement des rassemblements de scientifiques amateurs le dimanche sur le stade du village pour effectuer des expériences). Dans le milieu du football, au contraire, l'immense majorité des prétendants se trouve dans le monde amateur, l'élite professionnelle ne laissant de place qu'à peu d'élus. Il est donc nécessaire de se rapporter au nombre de licenciés, ou même de simples pratiquants. Et dans ce cas, les chances d'obtenir le Nobel pour un scientifique deviennent 3.5 fois plus grandes que pour un footballeur licencié d'atteindre le sommet, et 23.5 fois plus grandes que pour un footballeur lambda.
A la naissance, un enfant en donc bien plus de chances de gagner le Nobel en jouant avec des tubes à essai que de gagner la coupe du monde de football en tapant dans un ballon. J'encourage donc les parents à développer chez leur descendance l'esprit critique, le goût des choses de la nature et à leur indiquer avec bienveillance le chemin de la recherche scientifique, si ils désirent maximiser les chances pour leurs rejetons d'atteindre les plus haut sommets.