Défenseur central au Marseille Provence Research Club
1-INTRODUCTION
Les journaux sportifs nous fournissent régulièrement une information de la plus haute importance: le taux de remplissage des stades de football [e.g. 1]. Et nous lisons alors avec amusement les commentaires qui sont faits de ces chiffres. Nous pouffons en effet car la pauvreté de ces analyses témoignent indéniablement de l'inculture scientifique de leurs auteurs. L'idéal serait que L’équipe et autre France Football recrutent massivement des scientifiques. Doutant légèrement de la réalisation de cette hypothèse, je propose ici une analyse scientifique du taux de remplissage des stades.
La plupart du temps, comme dans la référence [1], les auteurs proposent in fine un simple classement sur la base de ce taux. Ainsi le PSG (Paris Sans Gaudin) finit bon premier avec 95,5% de remplissage, ce que les journalistes attribuent aux résultats et l'attractivité du club de la capitale. L'OM (Odieux Marseillais) pointe à la septième position, ce qui permet aux journalistes (souvent eux-même supporter parisiens) de se gausser de leurs rivaux. L'Association Sadique de Monaco FC (ASMFC) arrive en dernière position, ce qui fait plaisir à tout le monde car pour une fois, on est plus riche qu'eux (et en plus ils ne sont même pas français, on est encore bien gentil de les laisser jouer dans notre championnat).
Las. L'analyse des journalistes et autres commentateurs s'arrête là. Il y a pourtant beaucoup mieux à dire. Pour ce faire, j'ai collecté de nouvelles informations: le nombre d'habitants pour les villes de France [2] et pour Monaco [3] et la capacité des stades de chacune de ces villes [4].
2- TAUX DE REMPLISSAGE EN FONCTION DU NOMBRE D'HABITANTS
La première chose à étudier est la variation de ce taux de remplissage en fonction du nombre d'habitants, ce qui est montré sur la figure ci-dessous.
On constate immédiatement que les très grandes villes (Paris et Marseille) tendent à avoir des taux de remplissage élevés. Pour les autres villes, on ne voit pas de relation très claire. Cela signifie-t-il que les habitants des grandes villes vont plus volontiers au stade? Bien sur que non, car nous n'avons pas tenu compte d'un autre paramètre de grande importance : la capacité du stade.
3-LA CAPACITÉ DES STADES
La figure suivante illustre que la capacité des stades augmente avec la taille des villes qui se disposent dans la figure le long d'une loi linéaire qui a été portée sur la figure (traits pointillés). On constate cependant des écarts. Les villes dont le nom commence par la lettre "L" (Lille, Lyon) sont plutôt au dessus de la loi moyenne alors que Paris et Marseille sont en dessous (Paris est même tellement plus bas de la relation que le Parc des princes devrait peut-être être rebaptisé "Le parcounet du petit prince"). La raison qui poussent les villes en "L" à construire de plus grands stades n'a pas encore été identifiée (mis à part peut-être que L se la pètent).
4-LE NOMBRE DE SPECTATEURS PAR HABITANTS
Deux petites opération nous fourniront un indicateur qui met mieux en lumière les villes où l'intérêt pour le football est élevé. La première consiste à multiplier le taux de remplissage par la capacité du stade, nous obtenons alors le nombre de spectateurs moyen dans ce stade. Nous pouvons finalement diviser ce chiffre par le nombre d'habitants de la ville et obtenir le nouvel indicateur : le nombre de spectateurs moyen par habitant.
La figure ci-dessous compare cet indicateur avec le taux de remplissage si cher aux journalistes. Et nous voyons à présent une image tout à fait différente.
Discutons de quelques exemples.
- Alors qu'une ville comme Montpellier est proche du bas du classement en terme de taux de remplissage, elle est en réalité au même niveau que Toulouse ou même Marseille quand on rapporte le nombre de spectateur au nombre d'habitants ! Je pourrais me tourner vers l'un de ces nouilles de journalistes et lui demander: "L'eusses-tu cru ?".
- La lanterne rouge (comme son maillot) au taux de remplissage, Monaco, se retrouve autour de 0.2 spectateurs par habitants, ce qui est tout à fait honorable et dans la moyenne.
- On se doit de féliciter Guimgamp qui devance largement toutes les autres villes selon le nouvel indicateur, un résultat qui n'étonnera pas ceux qui connaissent le monde du ballon rond hexagonal. En effet, il y a plus de spectateurs au stade que dans la ville, cas unique (le seul cas similaire connu concerne les listes électorales de certains arrondissements de Paris et de certaines îles). Les mauvaises langues argumentent que la raison de ce résultat est l'absence d'autres activités possibles dans les campagnes bretonnes, mais comment alors expliquer le résultat de Lorient ? Certains ont proposé que prononcer les mots "En avant, Guingamp" exciteraient des zones particulières du cerveau, mais le mystère reste entier.
- Terminons par le cas du PSG. Le PSG a le meilleur taux de remplissage... et le plus mauvais ratio spectateurs/habitants. Deux facteurs contribuent à ce résultat. Premièrement, la petitesse du stade en rapport à la population de la ville lumière que nous avons déjà évoqué. Deuxièmement, Paris n'est en réalité pas une ville de football (contrairement à Guingamp) car ses habitants sont issus d'une plus "haute" société qui méprise le bas peuple et ses activités.
5-CONCLUSION
On voit donc qu'une réelle analyse du nombre de spectateurs dans les stades français nous mène à des conclusions bien plus intéressantes que le simple étalage du taux de remplissage. Elle nous pousse jusqu'aux limites de la sociologie et de la politique. C'est finalement peut-être pour cette raison qu'elle n'est pas effectuée dans les journaux sportifs.
Références:
[1] http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Dix-choses-a-savoir-avant-le-debut-de-la-nouvelle-saison-de-ligue-1/579745
[2] http://www.toutes-les-villes.com/villes-population.html
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Monaco
[4] http://sport.lepoint.fr/football/ligue-1/statistiques/spectateurs
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire